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9 février 2012 4 09 /02 /février /2012 17:35

ARTICLE BERRY REPUBLICAIN UZAY LE VENON BLOG modifié-2

Ce fût encore un moment intense d'émotion de me remémorer cette histoire. Merci à Valérie Mazerolle qui a rédigé cet article, qui a bien voulu me faire confiance, qui a su, le temps d'une matinée s'immicer aussi discrètement que possible dans les souvenirs des témoins, qui a accepté de se laisser guider sous fond d'anecdotes et d'histoires aéronautiques, et qui a bien voulu transcrire quelques informations et photographies présente dans mon blog.

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14 novembre 2011 1 14 /11 /novembre /2011 16:22

Résumé de la première partie: Consécutif aux bombardements de la ville de Marseille, rencontrant des ennuis mécaniques l'équipage de ce Junkers 88 A1 essaie de regagner ces lignes dans un climat d'alerte militaire maximum, et une géographie compliquée. Nous en étions restés sur ces termes là : 

 Il arrive rapidement aux environ de Modane.

Quel calcul a fait l'équipage pendant ce court temps de vol?

 

Chapitre II

L'équipage espère-il encore franchir les alpes et déboucher sur l'Italie ? Est-il suffisamment expérimenté pour cette navigation difficile et dispose t-il de cartes suffisamment précises pour trouver des repères de navigation ?

Il regarde certainement avec inquiétude le fond étroit de la vallée qui ne présente maintenant plus aucune possibilité d'atterrissage de fortune pour un avion de cette taille.

Modane située à 1000 mètres d'altitude est une gare de frontière dotée d’importants effectifs militaires qui gardent les fortifications défendant les cols de passage vers l'Italie.

Le poste de DCA du fort du Replat qui surplombe la ville disposant d'une mitrailleuse de 13,2 mm, ouvre le feu, quand l'avion passe au dessus de la gare.

*Un témoignage fiable rapporte que l'appareil a abordé Modane avec un moteur « crachant une fumée noire et pétaradant », confirmant ainsi sa situation d'agonie.

Des sources militaires rapportent que le Junkers 88 a été abattu (victoire homologuée), peu après 10 heures, par la 5e section de la compagnie 5/XIV, dotée de mitrailleuses de 13,2mm qui défendait la gare de Modane (source archives du SHD).

Toutefois, les témoignages encore disponibles contredisent cette version.

L’appareil fait une brusque manoeuvre de dégagement en piquant sur la ville puis redresse et reprend son vol sans issue. Il se déleste de matériel divers, y compris des parachutes, afin de s'alléger. Geste apparemment désespéré. En effet en prenant en compte l'environnement géographique hostile ,afin de gagner de l'altitude, jeter le lest aurait il été utile et suffisant pour se mettre à l'abri d'une collision? De plus sans parachute qu'adviendra t-il en cas de besoin ?                                             Vivre ou mourir. Ces aviateurs avaient fait un choix, aller jusqu'au bout de leur conviction. 

L'avion reprend alors difficilement l’altitude nécessaire pour franchir la barrière de l’Esseillon qui marque l'entrée de la Haute Maurienne et barre la vallée à quelques kilomètres de Modane.

La vallée se resserre, se resserre inexorablement, encore et encore, l'équipage qui s’y engage pour la première fois découvre au fur et à mesure ses possibilités de navigation. Au loin, elle fait un coude qui masque au pilote son débouché, aucune perspective, aucune vision concrète. Plus besoin des instruments de bord, le vol à vue est de mise. Les occupants ne voient que le massif de la Vanoise qui leur barre la vue. De chaque côté et devant lui, les montagnes font une barrière proche et continue de plus de 3000 mètres d’altitude.

Encore deux minutes et il survole de 300 mètres le village de Bramans perché à 1200 mètres .

Ce dimanche 2 Juin 1940, le curé de Bramans a organisé une procession qui se disperse vivement, effrayée par cet avion en perdition volant à très basse altitude.

photos-carte-bramans-savoie-blog.JPG

Emilien, qui cultive encore aujourd’hui son jardin en face de la Mairie, participait à cette cérémonie et a été témoin du passage de l'avion.

Probablement sous très forte tension, le pilote aperçoit, immédiatement après Bramans, sur sa droite, une très étroite vallée latérale marquée par le blanc éclatant de son flanc de gypse à nu. Attiré par cette faille, il pense à un passage qui pourrait déboucher sur l’Italie.

Il n’a eu que quelques secondes pour prendre une décision.

Désespéré, il vire brusquement et s’engage ainsi dans l’étroit corridor qui va le mener à la haute vallée d’Ambin.

Le virage et la prise d'altitude nécessaire ont sollicité toutes les ressources restantes des moteurs. Il longe un temps la paroi blanche de gypse, au pied du Montfroid, puis le mur vertical de la pointe de Bellecombe. A ce moment, il vole 300 mètres trop bas pour apercevoir et franchir le col du petit Mont Cenis qui se présente sur sa gauche, et aurait été sa seule échappatoire. Il s’engage donc dans la haute vallée d’Ambin.

Toute la vallée est occupée par des détachements militaires qui attendent une offensive italienne.

Le sergent-chef Fondère qui tient un poste avancé sur la frontière italienne au lieu dit Le Planay voit passer l’avion, très proche.

Comme tous les autres postes militaires, il a été prévenu du possible passage d’un avion et a fait mettre un fusil mitrailleur en batterie. Mais il ne tire pas car le brouillard l’empêche d’identifier les marques de nationalité de l’appareil.

En effet, à cette heure du matin, le soleil n’a pas encore dissipé totalement la brume d’altitude.

Le sergent chef sait toutefois que, volant à cette altitude, l’avion est perdu car la vallée d’Ambin est fermée sept kilomètres plus loin par une barrière de 3300 mètres de haut qui forme frontière avec l’Italie.

medium vallee d ambin

L’avion n’a pas la vitesse ascensionnelle suffisante pour franchir l’obstacle. Il vole 200 mètres au dessus du fond de l’étroite vallée qui fait un brusque coude vers la droite. La visibilité est mauvaise et le lourd bimoteur n’est plus assez manoeuvrant.

Après avoir dépassé le hameau du Planay, l'avion se déporte trop à droite pour négocier son virage et accroche à 2 000 mètres les derniers mélèzes qui poussent à cette altitude. Il s’écrase sur une pente très escarpée, à flanc de montagne. Les restes de l’épave sont dispersés sur 400 mètres.

Les quatre aviateurs sont tués et leurs corps carbonisés dans l’incendie que provoque l'écrasement de l'appareil. Ces militaires auraient ils pu sauter s'ils avaient conservé leur parachute ? Pourrions-nous évoquer le don de soi au nom d'une cause, d'une conviction ?

Le lendemain, des soldats de la 1° compagnie du 281° Régiment d’Infanterie enterrent les corps sur place, en haute montagne. C’est le sergent Guy, menuisier de son métier, qui fabrique les croix en bois qui marquent l'emplacement des tombes.

Les 5 mitrailleuses de l’appareil sont récupérées en plus ou moins bon état.

Deux mois plus tard, le 28 Juillet 1940, les autorités italiennes qui occupent la vallée font exhumer les corps   pour les enterrer dans la vallée, dans le cimetière de guerre installé au pied de l’église de Bramans.

cimetiere-bramans-blog.jpg

Ce cimetière accueille déjà les dizaines de soldats italiens tués dans l’offensive du Mont Cenis du 20 Juin.

Une pale d’hélice y est placée en hommage aux aviateurs. Elle y restera plusieurs années.

Un bulletin paroissial rapporte qu'un dimanche de l’été 1941, les familles des aviateurs sont venues se recueillir sur place accompagnées du consul allemand de Turin.

Une partie des restes de l’avion, difficilement accessibles, ont été enlevés par les italiens pour récupérer les métaux rares à l'époque.

De nombreuses années plus tard, la commune a fait enlever les restes de l’épave.

il-reste-encore-des-debris-du-bombardier-allemand--copie-1

En cherchant sur les pentes difficiles d'accès, on peut encore repérer le lieu de la chute de l'appareil par la présence de quelques tôles d’aluminium froissées par le choc.

Une plaque d'immatriculation trouvée sur place a permis d’identifier l’avion. Il s'agit d'une plaque technique     (*production des fuselages )par l'avionneur HENSCHEL (logo en haut à gauche ) qui était sous licence JUNKERS. Le poinçon en bas à droite correspond au cachet du contrôleur.

plaque

Document communiqué pat Dominique Dupérier

Elle porte les inscriptions suivantes:

Best Nr 54835 / 12

Zeichn Nr 88.651-74

Typ U Grp JU 88 A-1

 

Le ministère de l’air du III ème Reich avait imposé aux constructeurs une cadence mensuelle maximum de 300 appareils. Pour cela la fabrication des Junkers 88 s’organisait dans tout le pays et en partenariat avec plusieurs constructeurs. En effet, les fuselages étaient produits à ASCHERSLEBEN, les voilures à HALBERSTADT, les empennages à LEOPOLDSHALL, et le montage final et les essais de production à BERNBURG.
En 1944 plusieurs autres firmes participèrent à la production de pièces détachées ou d’avions complets principalement ATG à Leipzig-Mockau, SIEBEL à Halle, et d’autres en France et en Tchécoslovaquie. C’est pour ces raisons que nous recensons sur différents éléments retrouvés sur le terrain, les logos et autres inscriptions des partenaires ou sous-traitants
La proximité des lieux de production et le partenariat important, est peut être une des clés essentielles de la réussite de cet appareil.

 Organisation de la production 
Groupe 0 cadence 65 appareils mensuel
Junkers Aschersleben pour le fuselage
Junkers Halberstadt pour les ailes
Junkers Léopoldshall pour l’empennage arrière
Junkers Bernsburg pour l’assemblage final
Junkers Dessau pour la fabrication des métaux
Groupe 1 cadence 80 appareils mensuel
AEG pour l’empennage
Arado pour les ailes
*Henschel pour le fuselage et le montage des moteurs
Groupe 2 cadence de 70 appareils mensuel
Heinkel à Oranienburg pour les ailes
Dornier à Wismar pour le fuselage et l’empennage arrière
Groupe 3 cadence de 35 appareils mensuel
Dornier pour les ailes, le fuselage et l’empennage arrière
Groupe 4 cadence de 50 appareils mensuel
ATG pour le fuselage et l’empennage arrière
Siebel pour l’empennage arrière et les ailes

 

Aujourd’hui, les dépouilles des aviateurs reposent dans le cimetière militaire allemand de Dagneux dans le département de l’Ain où reposent 19 913 soldats allemands tués et rapatriés de vingt sept départements (Sud Est) de la France 

Kibele Paul, Oberleutnant, 17.04.1914 - 02.06.1940, Block 19, Grab 407

Köppl Georg, Feldwebel, 30.11.1911 - 02.06.1940, Block 19, Grab 408

Schultzki Max, Oberfeldwebel, 29.10.1911 - 02.06.1940, Block19, Grab 409

Bauer Robert, Unter-offizier 18.04.1915 – 02.06.1940, Block 19, Grab 410

Des recherches ont permis de retrouver 2 personnes ayant un lien de parenté avec l'équipage:

En 2009 le neveu de l'oberleutenant Paul Kibele

En 2010 la fille du Feldwebel Georg Köpll

Après consultation des anciens combattants de la Haute Maurienne, le conseil municipal de Bramans a décidé de convier les familles à une cérémonie dans un esprit de réconciliation et d'amitié entre les peuples.

Le 10 juin 2011, une cérémonie a été organisée avec dépôt de gerbe et dévoilement d'une plaque en présence des représentants des familles, des anciens combattants, des représentations militaires Françaises et Allemandes , du consul général d'Allemagne, de l'attaché militaire de l'ambassade Allemande et de la population.


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15 octobre 2011 6 15 /10 /octobre /2011 22:00

Préambule: cette histoire m'a été confiée par Monsieur Dominique Dupérier dont je me charge de mettre à votre connaissance ses recherches.

Histoire de l'équipage du Junkers 88 A1 de la Kampfgeschwader 51/1 – Edelweiss

 

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Chapitre I    

Le dimanche 2 Juin 1940


En pleine bataille de France, nous sommes à une vingtaine de jours de la signature de l'armistice par le gouvernement Pétain.

Ce jour là, à 4 heures du matin, l’escadrille de bombardement Kampfgeschwader I / KG 51 « Edelweiss » décolle de la base de Lechfeld, en Bavière dans le sud de l'Allemagne.

Le « Luftlageberichte » - journal d’activité aérienne dans lequel étaient soigneusement consignées les missions assignées, décrit pour cette journée du 2 juin les objectifs de l’escadrille:

“Erstmalig wurden Bahnen in Südost-Frankreich mit 35 He 111 und Hafen von Marseille mit 18 Ju 88 angegriffen”.                                            

Traduction

Les voies ferrées du sud est de la France, avec 35 He 111 et le port de Marseille avec 18 Ju 88 ont été attaqués pour la première fois.

C'est parmi ceux ci que vole le Junkers 88 A1 retrouvé.

Son équipage était composé de:

KIBELE Paul 26 ans

BAUER Robert 25 ans

SCHULTZKI Max 29 ans

KOPPL Georg 29 ans

Partie dans la nuit, l'escadrille a longé la Suisse puis a suivi la vallée du Rhône. Vers 7 Heures du matin elle arrive en vue de la mer, à hauteur de Marseille.

Témoignage: livre orage en Champagne - Claude Antoine

"La veille, peu après 7 heures, la ville subissait un raid d’avions de la Luftwaffe qui, dessinant un large détour, semblaient venir de la mer…. Ce 2 juin 1940 les voilà de nouveau descendant en piqué sur les bassins de la Joliette et de l’Arenc, atteignant les hangars du môle. Douze milles tonnes de marchandises stockées pour l’exportation sont détruites. Les quartiers avoisinants sont touchés aussi. On relèvera après ce raid 15 morts et 49 blessés"

Plusieurs batteries de DCA équipées de canons de 75 avaient été installées en avril et mai 1940; " récoltant " un bien maigre butin. Un seul appareil ennemi fut touché et s'écrasa dans la plaine de la Crau.

Sa mission de bombardement terminée, l'escadrille remonte la vallée du Rhône. Pour rejoindre l’Allemagne, elle doit survoler Lyon, ville importante qui est défendue par plusieurs bases aériennes dont la base de Loyettes ( Ain ).

A Loyettes, l’escadrille ECN V-13 était dotée de Potez 631. Ce chasseur de nuit possédait deux moteurs de faible puissance et sa vitesse maximale de 440 km/heure à 4 500 Mètres ne lui permettait pas d'attaquer suffisamment efficacement les bombardiers allemands.

potez-631-001.jpg

Potez 631

L’activité de défense aérienne de la base de Loyettes aux dates du 1er juin et du 2 juin 1940, est fidèlement décrite dans un rappel historique d'un bulletin municipal du 5 juin 1980.

 

« Le Samedi 1er juin 1940, de puissantes formations de Heinkel 111 attaquent Chasse sur Rhône, Marseille et Grenoble. L'escadrille V/13 est lancée pour l'interception dans la vallée du Rhône; son intervention reste inefficace, le He 111 est plus rapide que le Potez (Pz)631.

Dimanche 2 juin, nouveau raid ennemi. Les Potez de Loyettes sont au contact au dessus de Vienne. Un Heinkel 111 est touché; il cherche son salut en volant très bas, poursuivi par le seul sergent Fariol ... Le bombardier allemand résiste longtemps aux faibles mitrailleuses du chasseur français; il ne tombera, finalement, qu'aux environs de Culoz. »

Le Junkers 88 A 1 a-t-il lui aussi rencontré, au retour du bombardement de Marseille, des avions français défendant la région lyonnaise ? 

 

Ju-88 photo blog

Bombardier Junkers 88

 

Nous n’en avons pas de traces, mais il semble probable que l’avion ait été confronté à des problèmes moteurs, certainement du fait de la DCA du port de Marseille, qui auraient incité l’équipage à se dérouter de son trajet de retour initial. Nous pouvons faire l’hypothèse que, mis en difficulté par une vitesse et une altitude réduite, il a choisi d’obliquer vers l’Est pour éviter les bases aériennes proches de Lyon et rejoindre au plus vite l’Allemagne en survolant la Suisse, via Chambéry puis Genève. Les avions allemands violaient souvent l’espace aérien suisse, non sans risques car plusieurs furent abattus par la DCA Helvète.

Ainsi, longeant d’abord les contreforts des Alpes, il aborde Chambéry vers 9 Heures 30. L'équipage doit survoler cette agglomération pour continuer vers le nord en direction de la Suisse.

Ce début du mois de Juin 1940 est un jour d'intense activité de bombardement des villes françaises par la Luftwaffe. Aussi, la défense anti-aérienne est en alerte car des appareils allemands sont signalés sur tout le territoire.

Il semble certain que l’avion se soit présenté dans les axes de tir de la DCA car plusieurs témoignages rapportent qu’il a été pris à parti.                                                                             Probablement désorienté par les tirs, il longe la ville par le Sud, renonce à la dépasser, et pique à l’Est vers la vallée de l'Isère.

A ce moment les difficultés mécaniques *( fumée noire s'échappant d'un des moteurs, voir plus bas )consécutives aux tirs de DCA ont certainement encore dégradées les performances de l’avion. Le pilote abandonna l'idée de tenter un nouveau survol de Chambéry pour rejoindre sa base via la Suisse. Il décide alors d'essayer de rejoindre la frontière Italienne distante de cent kilomètres pour ne pas atterrir en territoire ennemi. Pour cela, il doit suivre une vallée alpine qui débouche sur l’Italie, ce qui implique une délicate navigation en fond de vallée.

Complication, il n’a en effet plus la puissance nécessaire lui permettant de voler au dessus de 4000 mètres vers la frontière.

Ainsi, après avoir renoncé à dépasser Chambéry, l’avion survole la très large vallée de l’Isère dont l’espace lui offre de rassurantes possibilités de manoeuvre. Mais il n’y restera que cinq minutes.

Arrivé à la hauteur d’Aiton, l’entrée de la vallée de la Maurienne qui conduit vers l’Italie s'offre aux navigateurs. Ils s'y engouffrent. Ce changement de direction très marqué apparait comme un choix de navigation conscient en l'occurrence quitter la large et rassurante vallée de l’Isère pour celle encaissée de la Maurienne. C'était un pari sur l’avenir proche.

Malheureusement, la cuvette dans laquelle ils avaient mis tous leurs espoirs se resserre et les sommets s’élèvent. Pris au piège, l’avion mutilé, handicapé par un manque de puissance, n’a plus l’espace nécessaire pour tenter un demi-tour sans risquer le pire : percuter la montagne. Ils sont donc condamnés à atteindre l’Italie.

Dans quel état d'esprit étaient les occupants de cet appareil? J'imagine aisément la caricature de leur visage aux traits tirés, laissant apparaitre de l'inquiétude sans dévoiler réellement, par fierté ou par pudeur, qu'il pourrait s'agir de peur. Ils remontent donc à basse altitude la vallée où l'appareil est signalé à tous les postes militaires mis en alerte.

Vingt minutes après avoir évité Chambéry, il passe au dessus de la gare de Saint Michel de Maurienne.

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Il arrive rapidement aux environs de Modane.

Quel calcul a fait l'équipage pendant ce court temps de vol?

Fin du chapitre I

 

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18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 11:33
CRASH DE 2 ARADO 96
( Cher )
Le 25 mai 1944
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Dans l’objectif permanent d’apporter ma pierre à l’édifice de l’histoire, je me mets en quête de localiser deux avions allemands ARADO 96 abattus par le 315 squadron Polonais de la RAF vers 19 heures, le 25 mai 1944 sur une commune du cher.
Mardi 11 janvier 2011 en milieu de journée, après avoir fait comme à l’accoutumé un repérage cartographique et topographique des lieux, je décide de me diriger sur place, à la rencontre de quidam, pour essayer d’avoir quelques renseignements concrets. 
Il n’y avait pas grand monde, les locaux communaux ouverts que le matin, m’incitent à penser que cette méthode était des plus hasardeuse.
Néanmoins, je la trouve excitante. Aller vers l’inconnu, faire appel à la chance, rencontrer des interlocuteurs, faire confiance à son instinct, mener une petite enquête où chaque détail est un indice qui me fait monter l’adrénaline et attise au plus haut point mon imagination et ma curiosité.
Décidé à ne pas être venu pour rien, j’aperçois très au loin un gyrophare de tracteur.
Les agriculteurs ont une connaissance parfaite du terrain, de leur environnement, et sont souvent la descendance d’autres agriculteurs, qui eux ont peut être été témoins de ces crashes.
Avant même de quitter la route principale de ce charmant lieu dit, un autre tracteur celui-ci sans signalisation lumineuse, s’apprête à croiser mon chemin. Profitant de cette aubaine, j’engage la discussion avec son conducteur lui faisant part de mes recherches. Avec gentillesse et disponibilité, ce charmant Monsieur me fait comprendre qu’il sait ou est l’avion.
Ce paysan ignore à cet instant précis qu’il y en avait deux, n’en ayant jamais entendu parlé.
Forcément le doute s’empare de vous quand des gens du cru ont une connaissance contradictoire de la vôtre en l’occurrence qu’un avion et non deux est tombé pendant la guerre, vous vous demandez si les informations que vous avez sont bonnes.
 Qu’à cela ne tienne, j’avais la possibilité d’en localiser un.
Accompagné de cet agriculteur, je découvre un chemin plein de trous mais tout de même carrossable à l’orée d’un bois. Il me précise que des morceaux de moteur ( cylindres) étaient à même le sol.
Après une rapide inspection des lieux indiqués, je décide de m’équiper correctement et d’arpenter la bordure forestière avec plus de précision.
Résultat de cela, je prélève sur le terrain à 80 mètres environ du coin du bois 3 cylindres, des tubulures d'entrée d'air moteur, quelques bouts de tôle.
Avec beaucoup de chance, mes investigations sur le terrain s’arrêtent là ce jour ci.
CYLINDRE-MOTEUR-ARADO-96-UZAY--2-.JPGECHAPPEMENT ARADO 96 UZAY (1)
De retour à la maison, sachant maintenant, sans avoir encore approfondi la chose, où se trouve les vestiges de cette histoire, il faut que je mène des investigations sur ce que j’ai trouvé, et s’il existe bien un second appareil.
Sur mes documents apparaît bel et bien 2 ARADO 96, l’un de version B-1 et l’autre B-7. Le premier est tombé à 200 mètres du hameau et le second à l’orée d’un bois à 600 mètres du premier point d’impact.
Sans trop de difficultés, je peux dire que les reliques trouvées sont très probablement les restes de l’ARADO B-1.
Mais maintenant il me faut trouver la trace du second avion.
Plusieurs solutions se proposent à moi. Continuer à chercher dans les archives, mais cela est long et ne donne pas toujours la localisation. Arpenter les terrains alentours, système utopique pour obtenir un résultat concluant, autant chercher une aiguille dans une botte de foin, où prendre contact avec la population.
Je choisis cette dernière formule, tout en menant en parallèle des investigations dans les archives.
J’écris donc en Mairie avec l’espoir que des souvenirs subsisteraient.
Vendredi 21 janvier 2011, Monsieur le Maire prend contact avec moi pour me signaler que des témoins de cet évènement existent.
 
Mercredi 26 janvier 2011
 
L’âge des témoins est maintenant avancé et ils sont de plus en plus rares. J’aime à les écouter, et à retranscrire au plus juste leurs dires. Ces instants sont des privilèges d’une intensité émotionnelle rare. C’est un des moyens que j’utilise pour faire perdurer l’histoire.
J’espère que je suis à la hauteur de cela.
Mes deux témoins avaient 13 et 14 ans à l’époque des faits.
 
Ce 25 mai 1944 entre 17 et 18 heures, d’après les témoins,  trois Arado 96, avion d’entrainement du 3ème JG 105 ( escadrille de chasse ) basé à Bourges du 19 mars 1944 au 06 juin 1944  survolent à très basse altitude ( environ 100 mètres ) un hameau de cette charmante commune.
Ces appareils survolaient quasiment tous les jours ce lieu. A première vue rien qui changeait le quotidien de ces enfants gardant les vaches après l’école.
Soudain, 4 appareils Mustang font leur apparition aux trousses de ces avions.
Les pilotes Allemands employant toutes les techniques apprises pour échapper à l’ennemi, la bataille était de toute façon inégale.
Aux vues des données techniques et de l’utilité de ces deux types d’aéronefs, les chasseurs anglais de la Royal Air Force ( RAF ) pilotés par des aviateurs Polonais n’ont pas fait de détail.
De leurs 6 mitrailleuses Browning 12,7 mm chacun, en quelques rafales de balles, laissant tout de même sur leur passage de très nombreuses douilles sur le terrain,  criblés de trous, à quelques instants d’intervalles et à 600 mètres l’un de l’autre, deux Arado 96 touchés tombèrent.
Par chance pas de pertes humaines ni…… animales.
Il s’appelait Reinhard Otto, et pilotais un ARADO B1. Il débutais dans sa vie militaire et avais le grade d’unteroffizier, traduit littéralement comme « sous le dirigeant ». Ce grade a été créé la première fois « pour établir le lien » entre les soldats professionnels de carrière et les appelés enrôlés. Il est assimilé au Sergent.
A 20 ans, l'espoir de son âge lui laissait entrevoir toute la vie future. Mais sa formation, les heures de vol qu’il accumulait lui donnaient l’impression d’être fort, irrésistible, impétueux et il prenait plaisir à voler.
C'était sans compter sur les aléas de la guerre. Vécu au quotidien comme une vie "normale" il allait pour la première fois de sa vie être confronté à la réalité d'une cruauté humaine.
Ce jour là qu’aurait-il pu faire contre des North American Mustang presque 4 fois plus puissant que son ARADO, et d’une agilité redoutable ? Avait il une seule chance de s’en sortir ?
De nombreux impacts de balles percèrent de toutes part le fuselage de son «  cercueil » mais une ou plusieurs touchèrent son moteur.
Il laissait derrière lui une trainée de fumée. C’est à cet instant précis qu'il compris que plus jamais il ne volerait. L’appareil était incontrôlable perdant de l’altitude, dans un reflexe inutile, il se recroquevillait  pour se protéger. En vain. C'est d'ailleurs dans cette position qu'il fût retiré des décombres calcinés de son appareil.
Il venait de percuter un chêne provoquant l'explosion de son avion . Tout a été très vite, trop vite.
Son camarade Rother Reckhard venait d’avoir 19 ans deux jours avant. Il périt sous les balles ayant perforées son cockpit. Son avion s’écrasa en plein champs à proximité des maisons rasant les blés au passage.
En fin de journée, à la tombée de la nuit un appareil est venu rendre hommage à ces pilotes en virevoltant au dessus de leur dépouille.
Parlons un peu maintenant de ce troisième avion.
Il n’est pas référencé dans le rapport de crash établit par les pilote de la RAF, mais deux témoignages dont un catégorique fait mention d’un troisième ARADO peut être abattu plus loin. Le lieu exact est  imprécis, néanmoins plusieurs communes alentours sont évoquées. Je mène des investigations pour confirmer ou pas cette hypothèse. A ce jour aucun de ces villages mentionnés par les témoins n’ont eu de crash dans leur commune
D’après Frédéric Henoff initiateur d’un recensement des crashes Allemands, les archives Allemandes ne mentionnent aucune autre perte.
Peut être ce troisième avion est il rentré sans dommages ou en tous cas sans avaries pouvant lui être fatal ?
Plusieurs questions peuvent être alors posées :
- Comment les Allemands eurent connaissance de la position du drame pour venir rendre les honneurs aux pilotes décédés ?
- Est-ce ceux là même qui ont eu le temps avant d’engager bataille d’informer leur base ?
- Est-ce le troisième appareil ayant réussit à rentrer indemne qui donna les coordonnées de l’affrontement, ou n'est-ce pas lui qui est venu se « recueillir » au dessus des carcasses des ses compagnons ?
Je laisse aux investigations en cours, le soin de m’apporter ou pas des réponses. En attendant l’imagination fait le reste……..
A creuser!!!!!
* Nombre variable selon les sources
Je souhaitais apporter quelques informations sur les pilotes polonais de la RAF, sur ces hommes appellés au front comme tant d'autres.
Les pilotes du 315 squadron RAF Polonais ayant abattus les deux avions Allemands à bord de leurs Mustang
Jaworski sKirste s
                              F/Sgt JAWORSKI Edward                           F/o KIRSTE Maciej
Marciniak sPolak_s.jpg
                                 
  F/Lt MARCINIAK Janusz                           F/o POLAK Jerzy

 

Rapport du 315 Squadron de la RAF

 

 According to the Intelligence, in Chateauroux area (Vichy), Luftwaffe had an airfield, where it was training its young fighter pilots. Objective of this mission was to disrupt its activity by strafing it.
    Section of four a/c led by F/Lt Marciniak, with F/O Kirste, P/O Polak and F/Sgt Jankowski, took off around 5 p.m. It was a beautiful evening and the weather was predicted to be clear throughout the flight. In a close formation a/c flew over the channel on a deck. Continuing flying very low, a/c headed for Nevers. All the way toward the target area nothing happened; their navigation was excellent.
    Just before reaching enemy airfield near Chateauroux, F/Lt Marciniak wobbled the wings of his Mustang giving the signal take a line-abreast formation. Keeping a distance of 50+ feet between them, Polish a/c forayed on a sleepy airfield.

    F/O Kirste recalls"As soon as we passed over the trees I had my sight and my guns ready. Next thing I knew, I had field kitchen lined-up with big gathering of young soldiers waiting for their chow. I could see their young faces and their still postures holding to their food dishes of some sort. I could've wiped them out in a couple of seconds.... and I did not press the trigger. Something inside me told me not to. Even today I am not sure if I did the right thing. After the flight I shared this only with my beloved commander: "Dziubek" Horbaczewski. I found it very relieving when he told me: 'Maciek, you're fighter pilot not a butcher'."

    Mustangs went for a second pass strafing hangars, ordnance vehicles and some planes lined-up on the side. All four a/c created havoc on the ground with their action, which lasted about 10 min. Except of the sporadic machine-gun fire, there was no defense. Then F/Lt Marciniak called out e/a coming high from SE at 3000 feet. They were two Arado-96*, which at this moment separated themselves a little, and it looked like they were about to traverse the strip getting ready to land. All four Polish Mustangs sneaked on them from below and in their six-o’clock. It appeared that the German pilots did not see the coming danger. Each Mustang pilot gave them a short burst and Arados went down immediately, trailing a little smoke.
On their way back, Poles strafed targets of opportunity: cargo train, army truck, transformer etc.-------. Based on the author's interview with Mr. Maciej Kirste.

* Two German a/c were shot down around 7:15 p.m. South of Bourges. They were piloted by Uffz Otto Reinhard (or Reinhart) flying on Ar 96B-1 (N°1124) and Ofhr Reckhard Rother flying on Ar 96B-7 (N°450012). Both pilots belonged to the 3/JG105. They were buried at the cemetery of Bourges. Near Chateauroux were two airfields: La Martiniere and Deols. Little ferther were Bourges and Avord.

 

 

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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 09:50

Philippe Morini " Un devoir de transmission de l'Histoire aux générations futures. "


Drôle de passion que celle de Philippe Morini. Fasciné par les avions depuis l'enfance, il est devenu… chercheur d'épaves. D'avions évidemment. Et plus particulièrement, ceux de la seconde guerre mondiale.


INFO : D'où vous vient cette passion pour les épaves d'avions ?
Philippe Morini :
 Enfant, j'ai assisté à un vol du Concorde pour l'inauguration de l'aéroport Lyon/Satolas, aujourd'hui appelé aéroport Saint-Exupéry. Ça m'a fasciné. Et surtout, je me demandais bien comment un tel engin pouvait voler. En parallèle, il y a aussi la passion de l'Histoire. Mais le déclencheur, c'est le jour où un copain est venu me voir en me disant qu'il savait qu'un avion allemand était tombé dans le coin. J'ai pris un détecteur de métaux et j'ai commencé les recherches. Plus tard, j'ai appris que j'étais atteint de sclérose en plaque. Le seul moyen pour moi de ne pas sombrer a été d'assouvir ma passion à fond. A partir de là, j'ai voulu en savoir plus sur ces morceaux d'avions que je collectionnais. Je suis allé plus loin dans la démarche.


I. : C'est-à-dire ?
P.M. :
 J'ai cherché à savoir de quel avion provenaient les pièces, à quoi elles servaient ? De fil en aiguille, on reconstitue la vie entière de l'avion. On arrive à savoir d'où il est parti, qui pilotait, la compagnie d'appartenance. On peut même connaître les cir-constances du crash. Mais pour y parvenir, c'est un vrai jeu de patience et de minutie, un travail de longue haleine partagé avec quelques passionnés, notamment les gens qui vont jusqu'à reconstruire l'avion. Et puis, il faut s'intéresser à l'Histoire de la région où se trouve l'épave, fouiller dans les archives, rencontrer des gens pour recueillir des témoignages, se rendre sur le terrain. C'est aussi une belle aventure humaine.


I. : Avez-vous des exemples d'épaves dans l'Allier ?
P.M. :
 Un avion allemand s'est crashé sur la commune de Saint Nicolas des Biefs le 9 juillet 1944 à 5 heures 45. C'était un quadrimoteur Fock Wulf 200 C4. Il avait décollé à 4 heures du matin du camp militaire de Fontenet près de Saint Jean d'Angély en Charente Maritime avec à son bord le pilote, quatre hommes d'équipages et 8 militaires. Il y avait également une cargaison de pièces de véhicules, de marque Citroën notamment, et quelques caisses de bouteilles de Cognac ! Grâce à mes recherches, j'ai pu retracer toute la vie du pilote. Sinon, je poursuis actuellement mes recherches concernant un bimoteur allemand, un Junkers 88 qui s'est écrasé le 20 novembre 1943 également à Saint Nicolas des Biefs.


I. : Pourquoi vous intéressez-vous plus particulièrement aux avions allemands ?
P.M. :
 Tout simplement parce que toutes les recherches concernant les épaves d'avions français ont été faites et toutes les circonstances et autres sont connues. Pour les avions allemands, il n'y a rien. Les recherches sont d'autant plus compliquées mais elles permettent de donner de l'information qu'il est quasi impossible de trouver ailleurs, notamment dans les livres d'Histoire ou les musées. Et puis, on constate qu'il y a des erreurs dans les archives allemandes. Souvent les descendants ne connaissent pas la vérité sur la mort de leurs ancêtres. Nos recherches permettent de rétablir cette vérité, y compris pour les familles.


I. : Vous utilisez Internet pour diffuser les résultats de vos recherches. Parlez-nous-en ?
P.M. :
 Effectivement, pour les gens que ça intéresse, j'ai créé un blog, http://crashavionallemand39-45.over-blog.com. Il me permet d'échanger avec d'autres passionnés, de faire avancer mes recherches mais j'y diffuse également des manuels retraçant toute l'histoire des épaves quand j'ai pu la reconstituer. C'est le cas par exemple du crash de Saint Nicolas des Biefs en 1944. Mon blog est bien entendu en constante évolution au fil des rencontres et des découvertes et ils donnent tout ce que nous ne pourrons jamais savoir, en l'occurrence tout ce qui ne figure pas dans des documents. Pour moi, c'est un devoir de transmission de l'Histoire aux générations futures.


I. : Où cherchez-vous plus précisément des épaves ?
P.M. :
 Je travaille plus particulièrement en régions Auvergne, Centre et Limousin. Mais ma passion peut m'emmener plus loin !


Entretien Marie Brun 


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24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 10:18

Le monsieur de la ferme de derrière possède le manche à balai d'un avion, m’indiquait très gentiment un habitant de cette commune Charentaise.

Enthousiaste de pouvoir prendre une photo de cette relique aéronautique, j’aborde la rencontre avec plaisir, et demande à le voir. 

"Oh vous savez, ce n’est qu’un petit bout !!!!" 

 En effet le morceau était petit, bien un morceau d'aéronef, une tringlerie, mais qui servait vraiment de manche à balai !!!!!!

 

TRINGLERIE-A-BIELLETTE-JU-52-ST-LOUP--1-.JPGTRINGLERIE-A-BIELLETTE-JU-52-ST-LOUP--3-.JPG

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19 avril 2011 2 19 /04 /avril /2011 19:20

* Pour connaître l'historique de ce crash se référer à l'article du 22 février 2011

L’histoire de cet avion était pour moi incomplète. Pas de noms de l’équipage, pas d’immatriculation, pas de compagnie d’appartenance. Simplement des témoignages.

Je me mis donc en quête de chercher ces informations.

Par une chance inouïe, je reçois de Frédéric, fidèle lecteur de mon blog, un mail avec comme notification «  Cela peux peut être correspondre à ton crash ».                                                   Sur la pièce jointe, 4 noms d’aviateurs Allemands, l’immatriculation et la compagnie d’appartenance et une date aussi ;  le 20 novembre 1943.

" Il se pourrait que cet avion soit le JU 88 A-5 crashé le 20 novembre 1943- Endroit inconnue mais aux environs de Roanne ( mention Allemande Bei Roanne ) - portant le Werk Nummer 5106 et appartenant à la Flugzeugführerschule B7 basée alors à Clermont Ferrand. Le code de cet avion est KM + RU.                   Equipage : Pilote Uffz SPEIL Walter - Gerf WÖHLBIER Hans - Uffz FERLEMANN Walter - Uffz BIRK Frantz " 

J’avais  des doutes sur la date mais n’ayant aucune autre information que celle d’un témoin, c'est à dire le 19 novembre 1943……..alors je cherchais ! En effet tous les soldats Allemands morts au combat dans les départements de l'Allier, du Puy de Dôme, de la Haute Loire pour ne parler que de la région Auvergne sont inhumés au cimetière militaire Allemand de Dagneux. Ayant référencé les 19 913 soldats s'y trouvant, aucune victime ne concordait avec ces données. 

Je décide donc de faire un courrier aux archives de la gendarmerie à la quête d’un éventuel rapport.

Parallèlement, possédant maintenant des noms et peut être la bonne date, je contacte le cimetière Militaire Allemand de Dagneux.

 

Les réponses sont à la hauteur de mes espérances : 

Du côté de la gendarmerie ; Rapport n° 952/2 : Je vous invite à en prendre connaissance. * 

rapport-gendarmerie-crash-JU-88-malgoutte0001.jpg

Concernant l’inhumation des corps, ces aviateurs sont bien inhumés à Dagneux.


 HPIM0811 (1)HPIM0812

HPIM0813

Néanmoins, la sépulture de Hans Wöhlbier ( photo ci dessus ), un des membres d'équipage, porte la date d'inhumation du 20 mars 1943 et non le 20 novembre 1943. Ce qu'il y a de troublant c'est que les stèles portent les n° 218 - 219 - 220 - 221. Elles sont numérotées dans l'ordre d'arrivée des soldats, ce qui correspond à une certaine logique de numérotation et sont dans le même carré. Il faut savoir que la tombe 217 porte le nom d'un soldat ne faisant pas parti des membres d'équipage, mais étonnamment sa date de mort correspond à celle du crash. Intrigant n'est ce pas ??? J'ai demandé des renseignements à Dagneux, j'attends réponse.

En conclusion, quelques rectificatifs doivent être alors apportés.

Tout d’abord la date de l’accident est officiellement le 20 novembre 1943 et non le 19 novembre 1943.

La circonstance du crash est une altitude trop basse de nuit et non à une tentative d’atterrissage. Il est précisé par des témoins que des campements de maquisards était présent à proximité de l'accident, que quelques jours auparavant des tirs avaient eu lieu sur un avion Allemand survolant la région, alors volait il à basse altitude pour des repérages, pour localiser ces résistants ? Nous ne le saurons probablement jamais....... Je laisse le soin à qui le jugera utile de faire marcher son imagination.

La découverte des décombres et des corps a été faîte 48 à 72 heures après et non le lendemain.

Il n’y a eu aucun témoin direct du crash, mais simplement de " l'après crash ". Les discours et commentaires sont souvent disconcordants, confus, et cela tout à fait inconsciemment, des interprétations fictives, comme si le témoin s’était persuadé ou avait voulu voir ce qu’il nous raconte. J’ai déjà rencontré ce genre de situation lors d’ autres recherches, et cela semble se confirmer à chaque fois.

Un grand merci à Frédéric pour son oeil avisé.

Pour connaitre les coulisses de cette histoire, n'hésitez pas à me contacter. 

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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 16:26

Cette histoire raconte les derniers instants de Otto Kraft pilote de la Luftwaffe mort en mission. Elle m’a été inspiré lors de mon passage à Plassay le 8 février 2011 ( article dans le blog ) 

Rapport original allemand (2)

 

Elle est aussi dédiée à tous ces soldats Allemands et Américains qui prirent part à ce combat.

En temps de guerre, chaque seconde, chaque minute, chaque heure qui passait était l’espoir que cette atrocité se termine enfin.

Ce 31 décembre 1943 avait vraisemblablement une autre saveur. Le passage à une nouvelle année rapprochait les esprits de cette hypothèse, et d’un éventuel moment de détente accompagné d’un repas sortant peut être de l’ordinaire. Ces instants passés en groupe avaient comme effet de galvaniser les troupes et de donner meilleur moral.

En ces périodes de conflit, la détente existait -t-elle vraiment ? N’y avait-t-il pas toujours obligation du devoir accompli pour sa patrie, une pensée pour ses proches, ses camarades ? Certes, mais de toute façon l’arrogance de l’âge de ces soldats leur donnait du baume au cœur et le tempérament victorieux. 

Dans le ciel de Saintonges, de nombreux B17 Forteresse Volante venues des bases anglaises viennent de bombarder la base de Cognac Châteaubernard où des Fock wulf 200 Condor et vraisemblablement des Junkers 52 y stationnaient.

 

 La base aérienne de Fontenet/St Jean d’Angély est en alerte maximum

 

 C’est au pas de course que Otto Kraft, sous officier du 2./jagdgruppe ost** de la Luftwaffe, après s’être équipé de son parachute, arpente la bordure d’aile près du cockpit pour, d’une enjambée, embarquer dans son Messerschmitt BF 109 F2. Le même rituel est effectué par 10 de ses camarades.

A cet instant précis, il n’y a que la mission qui compte : intercepter ces bombardiers géants.

Décollage imminent. Une piste de 1480 mètres ouvre les bras à ces aviateurs. Après avoir pris position contre le vent, les avions à pleine charge moteur prennent les airs simultanément avec grâce et agilité. Train rentré, ils virent et filent comme des flèches vers les proies désignées.

Quelques minutes de vol suffisent pour que les aviateurs aperçoivent cette masse « sombre de ferraille » représentée par d’innombrables avions bombardiers B17 et B24 confondus.

Ces forteresses volantes armées chacunes de 13 mitrailleuses Browning M2 de 12,7 mm n’allaient pas se laisser harceler sans réagir. Le combat s’engagea aux alentours de 12h10. Les Messerschmitt BF 109 F2 tournoyaient comme des frelons autour de leurs proies. De multiples tirs raisonnaient dans le ciel de Saintes et pendant une vingtaine de minutes ces pilotes émérites accomplissent leur devoir quand soudain de nombreux impacts venaient percuter et transpercer le poste de pilotage du sous officier Otto Kraft le tuant sur le coup.

Sans pilote à bord, l’avion incontrolable piqua du nez et vient s’écraser ou plutôt percuter à une vitesse phénoménale le sol d’un champ, y pénétrant comme un couteau dans du beurre, en laissant un cratère immense.

 

En 2005 des passionnés creusèrent à trois mètres de profondeur pour mettre au jour l’épave et tombeau de ce soldat.

J’ai eu l’opportunité de me rendre sur le lieu du crash et de voir les morceaux sortis de terre. Le premier constat que j’ai fait est la petitesse des morceaux de l’avion.

 

 

photo-0842.JPG

Photos Michel Souris

photo-0761.JPG

Photos Michel Souris

photo 0783-copie-1

Photos Michel Souris

photo 0785



 En compagnie d’un passionné, technicien chevronné et aguerri, nous avons essayé de comprendre pourquoi.

Tout d’abord la nature du sol. Sous la couche de terre d’un bon mètre, se trouve de la pierre calcaire.

Au contact, l’hélice en plein mouvement ouvrit le chemin, dans la continuité les ailes se sont probablement pliées le long du fuselage un peu comme des bras le long du corps, pénétrant dans le sol et au contact des strates calciques, l’on désintégré littéralement. Tout cela en quelques secondes.Quand l’avion stoppa net, le canon et les mitrailleuses par inertie, ont été projetés peut être un ou deux mètres plus profond.

Puis tout cela a été accentué par la vitesse et la violence de l’impact.

 Il n’y a pas dans les 800 à 1000 kg d’amas de ferraille retirés du sol, de trace d’un morceau d’hélice ou de canon.

Amas de tôle

PLASSAY-14-MARS-11--3-.JPG

Cylindres et soupapes

PLASSAY 14 MARS 11 (4)

Bouchon réservoir

BOUCHON-CARBURANT-ME-109-PLASSAY-140311-2-.JPG

Morceau de pneumatique "Continental"

PNEU ME 109 PLASSAY 140311(4)

Photos Philippe Morini

 L’avion pesait quasiment deux tonnes à vide, est ce que les 800 à 1000 kilos restant sont encore dans le champ ? Probablement que oui.

 Du côté des bombardiers Américains les pertes furent aussi lourdes. Ce 31 décembre 1943 tout au long de leur périple de bombardement 9 appareils Américains sont abattus par la Jagdgruppe ost :

 

Dénomination

cie

Avion abattu

Lieu

Heure

 

 

 

 

 

Oberleutnant ( Lieutenant Colonel )*

3/Jgr Ost

B17

Le Réole S,E Bordeaux

12h00

Otto STAMMBERGER

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Obergeifreiter (Caporal Chef)* BOTTE

1/Jgr Ost

B17

Pointe de Grave

12h10

 

 

 

 

 

Oberfeldwebel ( Adjudant )* LÜLMENS

1/Jgr Ost

B17

Ouest de Saintes

12h27

 

 

 

 

 

Unteroffizier ( Sergent)* SCHIESSEBURG

2/Jgr Ost

B17

3500 mètres d'altitude

12h30

 

 

 

 

 

Unteroffizier ( Sergent)* EICKHOFF

4/Jgr Ost

B24

Cognac

12h35

 

 

 

 

 

Unteroffizier (Sergent)* SCHLAUSSER

3/Jgr Ost

B17

SW Mirambeau

12h50

 

 

 

 

 

Gefreiter (Caporal)* PINTSCH

4/Jgr Ost

B17

Au large de l'Ile de Ré

12h55

 

 

 

 

 

Unteroffizier (Sergent)* RODWEDDER

4/Jgr OST

LANCASTER

Ouest Lesparre

13h00

 

 

 

 

 

Gefreiter (Caporal)* SCHÜLMAYER

4/Jgr Ost

B24

Sud Ouest Mirambeau

13h10 

N.BCe même jour 8 autres avions Américains ayant participés aux hostilités furent revendiqués par la Jagdgruppe west : Jonzac 12h02 - N.O de Mont de Marsan 12h07  - Sud de Mirambeau 12h13 - S.E de Mimizan plage 12h25 - au large de l'ile d'Oléron 12h30 - 50 km Ouest de Carcans  12h 35  - 80 km Ouest de Carcans ( 2 appareils ) 12h35.

Né le 09 octobre 1920 à Bleichenback Otto Kurt KRAFT ne verra pas l’année 1944. Il avait 23 ans. Pour ses camarades, il n’y eu ce soir là qu’un maigre repas et une ambiance triste. Plusieurs autres aviateurs périrent ou furent abattus.

Otto-Kraft---tenue-copie-1.jpg

 Photo fournie par Michel Souris  

 

 Fleurs au fusil tambours battant il va

Il a vingt ans un coeur d'amant qui bat
Un adjudant pour surveiller ses pas
Et son barda contre ses flancs qui bat
Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Dans sa musette son bâton d'maréchal
Quand un soldat revient de guerre il a
Dans sa musette un peu de linge sale

Partir pour mourir un peu
A la guerre à la guerre
C'est un drôle de petit jeu
Qui n'va guère aux amoureux
Pourtant c'est presque toujours
Quand revient l'été
Qu'il faut s'en aller
Le ciel regarde partir
Ceux qui vont mourir
Au pas cadencé
Des hommes il en faut toujours
Car la guerre car la guerre
Se fout des serments d'amour
Elle n'aime que l'son du tambour

Quand un soldat s'en va-t-en guerre il a
Des tas de chansons et des fleurs sous ses pas
Quand un soldat revient de guerre il a
Simplement eu d'la veine et puis voilà...

Parole et musique Francis Lemarque

 

 

Un grand merci à Didier et à Michel.

Pour ceux qui seraient intéressés par les coulisses de cette histoire, n'hésitez pas à prendre contact avec moi.  

                                           

 

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28 mars 2011 1 28 /03 /mars /2011 19:01

Travaillant sur le crash du Fock Wulf 200 tombé dans le département de l’Allier, mes recherches m’ont amené en Charente Maritime d’où il avait décollé.

 M’imprégner des lieux est indispensable pour relater au mieux mes ressentis.

Dans ma démarche habituelle, en prenant contact avec les passionnés locaux j’ai rencontré Monsieur Yves Chevalier qui est en fin de compte l’initiateur de cette histoire. Il était en possession d’un morceau de fuselage d’un JUNKERS 52, tri moteurs Allemand. Ma curiosité m’a poussé en savoir un petit peu plus. Comment pouvait-il avoir cette relique chez lui ?

FUSELAGE-JU-52-ST-LOUP--7-.JPG

L’aventure commençait alors. Dans sa démarche de faire partager sa passion, ce Monsieur me raconta l’histoire de cet avion en tôle ondulée.

Eté 1944, météo clémente, l’avion à court de carburant effectua une boucle pour se poser sur une parcelle de terrain dégagé dans l’espoir de pouvoir reprendre les airs une fois le ravitaillement fait. Terrain dégagé, certes, mais piègeux. Ces terres sont des marais, et l’aéronef s’enfonça doucement mais surement à chaque tour de roue. Il stoppa net au point que l’arrière se souleva brutalement sans créer de dommages. Une fois à l’arrêt, il était enlisé à mi roues dans la tourbe. 

Pour les quatre occupants, il n’y avait qu’à remettre du carburant et familièrement, je dirais que le tour était joué.

Deux d’entre eux restèrent sur place et deux officiers partirent chercher un moyen de locomotion pour se rendre au village le plus près. Ce fut fait grâce à l’attelage de Monsieur le Maire.

A leur retour, leur stupéfaction fut grande, car les deux aviateurs en faction devant l’avion n’étaient plus là.

Que se passa t-il dans leur esprit ? Pas de panique apparente, la crainte simplement que des « terroristes », ce sont leurs termes, soient présents. La réalité était qu’ils furent faits prisonniers par les Maquisards. C’est en vélo que ces mêmes officiers repartirent chercher secours.  

En début d’après midi, une douzaine d’hommes en armes dans un camion se rendent sur les lieux du crash. Le mot crash n’est pas tout à fait approprié, car l’avion était intact.

Quelques rafales d’armes automatiques retentissent dans le marais pour faire fuir les habitants tournant déjà autour de l’appareil. Aucun blessé, leur attention était de leur faire peur uniquement.

A bord de ce véhicule, plusieurs fût de 200 litres de carburant. Il est clair maintenant que la volonté de ces militaires est de faire décoller l’avion.

L’appoint en combustible fait, les moteurs en marche, l’appareil tenta de repartir. En vain, le marais, la tourbe eurent raison de lui. Le JUNKERS 52 resta cloué au sol.

Il fallait que les Allemands se fassent une raison, plus jamais cet avion ne volerait. Leur préoccupation première n'était sans doute pas cette raison, mais la volonté de ne rien laisser d'exploitable, de ne rien laisser à l'ennemi.

Quelques bidons d’essence furent mis sous le nez de l’appareil, une rafale de mitraillette plus tard, l’embrasement laissa seulement un trou béant 5 mètres plus haut dans le cockpit.

La vie de cet engin s’arrêta là. Enfin pas tout à fait……………………

Les Allemands partis, la population locale désossa littéralement la carcasse à coup de pioche, scie à métaux, éparpillant dans tous les villages environnants des morceaux plus ou moins gros.Certains finirent en poulailler, en tôle protectrice, en objet de curiosité, en travaux pratiques de mécanique, d’autres abandonnés dans la nature ou emportés par les ferrailleurs.

 TRONCON-JU-52-ST-LOUP--10-.JPGDepart-pour-restauration-13-mars-2011--4-.JPG

L’histoire de cet avion aurait dû s’arrêter là, mais au fil de mes rencontres et de mes investigations, des morceaux furent retrouvés. Oui, 67 ans après, des reliques existent encore. Il me fallait absolument les remettre à l’honneur.

Un JUNKERS 52 étant en cours de restauration dans la banlieue Parisienne, il me paraissait évident que l’aileron de profondeur, un morceau de fuselage arrière droit, une porte cargo devait avoir un autre sort que le ferrailleur. J’aime l’idée qu’un objet dont l’histoire aussi lourde soit elle, puisse avoir une seconde vie.

Je vous invite à aller sur les liens ci joint pour comprendre la motivation des ces passionnés qui perpétuent l'histoire.

 lien  & lien


telechargement--1-.jpgtelechargement.jpg

telechargement--2-.jpg52--09-2010--Melun-010--Large-.jpg

Cet avion restauré ne volera peut être jamais, mais les « greffes » implantées lui auront au moins donné une seconde jeunesse.

En date du 13 mars 2011, c’est avec fierté et un petit pincement au cœur que ces éléments prirent un second envol (en camion) direction le musée.

Fuselage arrière gauche

Depart-pour-restauration-13-mars-2011--6--copie-1.JPG

 

Porte cargo

DEPART PORTE CARGO JU 52 POUR MELUN LE 22 11 2010

 

Aileron de profondeur ( 4,90 mètres )

AILERON PROFONDEUR JU 52 ST LOUP (5)

Quelques autres reliques

 

 

Cylindre d'un des trois moteurs ( 9 cylindres )

CYLINDRE-JU-52-ST-LOUP--2-.JPG


Lettre d'identification de l'unité d'appartenence

IMMATRICULATION-JU-52-ST-LOUP-copie-1.JPG

 

Pompe à l'huile

POMPE-0-HUILE-JU-52-ST-LOUP--1-.JPG

 

Démarreur

SYSTEME-DEMULTIPLICATION-DEMARRAGE-MOTEUR-JU-52-ST-LOUP.JPG

 

Je tenais à remercier tous les acteurs ayant été sensibles à ce projet, toutes les personnes m'ayant orienté sur le terrain, toutes les personnes m'ayant hébergé, toutes les personnes s'étant investies pour que cette aventure puisse exister.

Merci à mon comparse Didier pour sa confiance.

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21 mars 2011 1 21 /03 /mars /2011 14:39

En préambule, un grand merci à Frédéric pour son partage de connaissance, et à Jean Regard pour sa coopération. 

 

HISTOIRE

Dans le petit village de Chabannes, ce 23 décembre 1943 se préparait Noël. Un Noël oh combien attendu par ces enfants qui avait à l'époque entre 11 et 14 ans. Ils ne savaient pas que 68 ans après je viendrais m'intéresser à leur histoire. 

Cette fête devait se dérouler sans fioriture, sans excès. C’était la guerre et les moyens étaient restreints, mais..........    il y aurait de la viande au menu.

Ce jour là, pas de soleil, un brouillard épais et givrant était accroché au relief.

Il est entre 9 et 10 heures quand un bruit assourdissant retentit. Les regards s’orientaient aussitôt vers le plafond de la maison, comme si quelque chose allait tomber du ciel.

Pléonasme, car ce qui tombait du ciel était un avion. L’appareil de l’armée de l’air Allemande connu plus communément sous l’appellation Luftwaffe, volant à très basse altitude, survolait les habitations à 390 mètres d’altitude. Quelques secondes s’écoulaient et il heurtait la colline à pleine vitesse 50 mètres plus haut.

Ces témoins m’ont parlé de capharnaüm, de détonations  multiples probablement dû à l’incendie. Le brasier était si intense que les bouteilles d’oxygène, les munitions explosèrent.

Les corps méconnaissables de l’équipage gisaient dans cet enchevêtrement de tôle, de bois carbonisé. Un cauchemar.

Après le crash, un avion de type Fieseler, se posa dans un champ en contre bas du drame. Ce petit appareil était surnommé aussi la « sauterelle », car visuellement l’architecture de son train d’atterrissage faisait penser aux pattes postèrieurs de cet insecte. De plus, il avait            l' agilité à se poser n’importe et à redécoller sur une très courte distance. 

L’avion du crash était un bombardier bimoteurs Heinkel 111 H 6 appartenant au 12./KG 4, identifié sous le numéro de série 8229, venait de Châteauroux.

 

A son bord,  1 pilote, 3 observateurs, 1 radio-navigant, 1 mitrailleur.

Pilote :

Dreiz Siegfried né le 08 mars 1921, décédé le 23 décembre 1943 (*sergent )

Observateurs :

Klinkowski Hans-Joachil né 25 mars 1924, décédé le 23 décembre 1943 (*caporal)

Brinkmann Kurt né le 29 juillet 1920, décédé le 23 décembre 1943  (*sergent )

Ruschinzik Johann né le 14 février 1918, décédé le 23 décembre 1943 (*sergent chef)

Radio navigant :

Mezger Hans né le 15 novembre 1922, décédé le 23 décembre 1943 (*caporal)

Mitrailleur : 

 Schönemann Werner né le 06 août 1922, décédé le 23 décembre 1943 (*chef d’escadrille)

* Grades équivalents


Mais que s’est il passé ?

La clé de l'interprétation du drame est peut être dans la composition de son équipage .En analysant les fonctions des militaires à bord, avec trois navigateurs et étant donné que l’appareil était référencé dans un quatrième groupe  (passage dans ce groupe à la sortie d’école avant l'intégration dans un groupe opérationnel) il vient à l'esprit que cet avion était en vol d’instruction et de pratique de la navigation.

La combinaison d’une météo très défavorable, du manque d’expérience, de la rudesse psychologique d’un tel vol ont été fatals à ces hommes !!! 

Que reste t-il 68 ans plus tard ?

 Concernant l’aspect humain des témoins, avec certitude, les sillons de la mémoire d’une époque triste sont bel et bien présents et gravés à jamais.

En ce qui concerne les reliques aéronautiques, de très très nombreux débris sont pour certain enterrés sous moins de 10 cm de terre, pour d’autres, à même le sol. Il est impressionnant de constater que d’innombrables morceaux ont moins de 3 cm de segment, et que l’incandescence du brasier a fait fondre l’aluminium et les alliages au point de pétrifier les objets se trouvant à proximité, et de les confondre visuellement avec les pierres.

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La petitesse des débris montre un choc effroyable. L’avion a été littéralement disloqué.

Les victimes de ce crash sont inhumées au cimetière militaire Allemand de Dagneux dans le département de l'Ain.

Pour ceux qui voudrait connaitre les coulisses de cette histoire, n'hésitez pas à prendre contact avec moi.


 

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